Drood, par Dan Simmons

En 2012, année du bicentenaire de sa naissance, Dickens est à l’honneur. Dans Drood, le romancier de science-fiction Dan Simmons le met en scène à travers les yeux de son collègue et rival Wilkie Collins. Tout commence par une catastrophe ferroviaire en juin 1865, pendant un voyage qu’effectue Dickens accompagné par sa maîtresse. Échappant à l’accident, il se porte au secours des blessés et aperçoit une mystérieuse créature que, une fois revenu à Londres, il va entreprendre de poursuivre jusque dans les bas-fonds. C’est Collins – à qui Dickens, troublé, s’est confié – qui raconte, cherchant à comprendre quel lien unit Dickens à cet homme mystérieux qui semble n’être rien moins qu’un serial killer.

DroodSi le point de départ du roman est vrai – Dickens a bien connu un accident de train en juin 1865, cinq ans jour pour jour avant de mourir en laissant un roman inachevé, Le Mystère d’Edwin Drood – le reste est fiction. On aurait aimé que Simmons raccourcisse son propos, car 880 pages c’est long, surtout lorsque Collins se perd dans des digressions ou des descriptions qui ralentissent l’action. En réalité, le récit nous donne surtout à voir l’histoire personnelle de Collins – ce récit ressemble à ce que pourrait être son journal intime, auquel le lecteur peut de moins en moins se fier tant l’auteur apparaît dominé par l’opium qu’il prend pour soulager ses douleurs et par sa jalousie (réciproque) à l’égard de Dickens. L’intrigue mettant en scène ce dernier n’apparaît que de temps à autre, trop épisodiquement.

Un peu décevant à la fois pour les fans de Simmons et pour ceux de Dickens. Ou alors il faut lire ce livre non pas en espérant être tenu en haleine pendant 880 pages par un suspense haletant, mais pour passer du temps en compagnie d’un grand romancier du XIXe siècle (Wilkie Collins), des petits détails de sa vie quotidienne et de ses turpitudes.

Alors, pour celles et ceux qui veulent tout de même approfondir le côté policier du père de David Copperfield et d’Oliver Twist, on peut conseiller d’autres lectures :
Voix sans issue, de Dickens et Collins,
– pour les anglophones, Dickensian Whodunnits, nouvelles écrites par différents auteurs et mettant en scène Dickens et ses personnages, et rassemblées par Mike Ashley,
La Pierre de lune de Collins.

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