Le jardin du diable, par Ace Atkins

San Francisco, septembre 1921. Lors d’une soirée bien arrosée organisée par Roscoe « Fatty » Arbuckle, star de cinéma déjantée, Virginia Rappe, une jeune actrice, est mortellement blessée. Il semble que Fatty l’ait violée et tuée, peut-être par accident car il pèse après tout 130 kg. L’avocat d’Arbuckle demande à l’agence Pinkerton d’enquêter pour sortir d’affaire le pauvre Fatty. Samuel Hammett (futur inventeur du roman noir « Hard boiled » sous le prénom de Dashiell, et pour l’instant détective chez Pinkerton) se lance sur la piste. jdIl sera bientôt papa, boit comme un trou (en pleine Prohibition) et pense que la tuberculose aura bientôt raison de lui. Il découvre que l’autopsie de la victime n’a pas été faite dans les règles. Au fur et à mesure qu’il progresse dans l’enquête, le lecteur pénètre plus profondément dans les milieux de la contrebande d’alcool, de la drogue et de la prostitution.

Une (belle) agente fédérale se joint bientôt à Hammett (il est rare dans ce roman de voir apparaître un personnage féminin sans être aussitôt gratifié d’une description de ses fesses et de ses seins). Le lecteur a une longueur d’avance sur les deux enquêteurs, dans la mesure où plusieurs récits avancent en parallèle. On comprend ainsi que Virginia Rappe était de mèche avec deux arnaqueurs, Al Semnacher et Maud Delmont, eux-mêmes manipulés par un mystérieux commanditaire qui a des liens avec la contrebande d’alcool et avec le magnat de la presse et du cinéma, William Hearst.

La base de toute cette histoire est véridique. Roscoe Arbuckle a bien existé et ce scandale (même si l’acteur a été innocenté à son troisième procès) a coulé sa carrière. Hammett a participé à cette enquête, et se mettra bientôt à écrire des nouvelles « noires », dans lesquelles la frontière entre le bien et le mal s’estompe et où la plupart des personnages sont véreux. Certes, on comprend à lire Le jardin du diable d’où Hammett a tiré son inspiration. Mais personnellement, je préfère le traitement qu’un autre auteur – peu lu aujourd’hui mais formidable – fait de cette époque avec beaucoup d’humour et de finesse : Peter Lovesey, dans son roman Keystone (non traduit en français).

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