L’étrange affaire de Spring Heeled Jack, par Mark Hodder

Voilà un livre qu’on aimerait écrire. À défaut de l’avoir écrit, on peut le lire. On y trouvera beaucoup de bonheur, tant au fil de l’évolution de l’intrigue que dans la qualité des dialogues et l’originalité des personnages.

Nous sommes à Londres en 1861. Sir Richard Burton, qui a découvert avec John Speeke les sources du Nil (un conflit les oppose d’ailleurs à ce sujet, dont un rebondissement ouvre le roman), est requis par le Premier ministre pour éclairir des meurtres (mystérieux, comme beaucoup de meurtres) qui semblent commis par un être mi-homme, mi-machine, comme le « Jack Talons-à-Ressort » du folklore anglais.
Son enquête le mènera dans les rues sombres de l’East End, terrorisé par des genres de loups garous. Burton verra la mort de très près.

1304-etrange-affaire_org350-620Un attrait majeur du roman, outre son côté policier victorien et sa nature uchronique (dans ce récit, la reine Victoria a été assassinée en juin 1840), est sa couleur steampunk. Le steampunk, c’est la science-fiction à l’époque de la machine à vapeur, avec du cuivre, des boulons, des machines et de la vapeur à tous les étages. Dans les rues de ce Londres victorien en proie aux brouillards toxiques, on croise des chevaux mécanisés capables de déjections impressionnantes, des perroquets artificiels qui servent à transmettre des messages mais ne peuvent s’empêcher d’y glisser des insultes variées, etc. Tout cela est amené à petites touches dans le récit par Mark Hodder, sans en rajouter et avec un humour léger.

Les choses qu’on trouve moins réussies : quelques rares passages un peu malheureux comme lorsqu’un inspecteur va « au-delà » de « l’apparence rugueuse » de Burton et comprend en un instant sa « nature profonde » (page 108) et le texte de la 4e de couverture, mal écrit et qui ne reflète pas la qualité du roman.

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