Budapest la noire, par Vilmos Kondor

1936 est une année faste pour le polar historique. Après Le Royaume des voleurs de William Ryan et Le Rectificateur de Jeffery Deaver, voici une nouvelle intrigue située cette fois-ci à Budapest. Époque oppressante oblige, on se retrouve avec un nouveau héros en butte au monde entier ou presque : aux services de police, à sa hiérarchie (notre détective se nomme ici Zsigmond Gordon et est journaliste judiciaire) et à la plupart des personnes qu’il rencontre au cours de son enquête. Dans la Hongrie guettée par le fascisme (comme dans le Moscou communiste et le Berlin nazi à la même époque), il ne fait pas bon se promener dans les rues en enquêtant sur un meurtre et en posant des questions à tout le monde.

budaComme dans Le Royaume des voleurs, le récit débute par la découverte du cadavre d’une jeune femme. C’est une jeune et belle juive qui est entrée malgré elle dans la prostitution. Gordon veut savoir qui l’a tuée non par amour de la vérité, mais parce qu’il se passionne pour les destins des individus, et en particulier pour ceux qui s’achèvent par une mort brutale et prématurée. Comment et pourquoi une jeune femme juive de bonne famille a-t-elle fini sa vie dans le quartier des prostituées de Budapest ?

Le roman se lit avec un grand plaisir, si l’on passe sur les trop fréquentes citations de noms de rues de Budapest, qui finissent par lasser un peu le lecteur quand cela n’évoque rien pour lui. Kondor campe le décor à petites touches, sans nous noyer sous des déluges de fiches historiques sur l’histoire de la Hongrie et le contexte de l’année 1936. Il construit aussi de beaux personnages qui entourent Gordon : son grand-père, ancien médecin et passionnée par la fabrication de confitures, la dessinatrice Krisztina, amie de Gordon, qui rappelle le personnage de Valentina dans Le Royaume des voleurs. Comme pour Korolev dans ce dernier roman, le héros a des relations dans le milieu du sport qui vont l’aider dans ses investigations. Le football pour Korolev et la boxe pour Gordon.

Gordon finira par découvrir la vérité, qui mêle le contexte politique de l’époque aux petits intérêts des puissants.

Ce roman est le premier d’une série qui prévoit six épisodes, selon l’article http://en.wikipedia.org/wiki/Vilmos_Kondor qui explique que Zsigmond Gordon est déjà célèbre en Hongrie, et présente de nombreux liens (souvent en hongrois) pour celles et ceux qui veulent mieux connaître Vilmos Kondor et ses personnages.

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