La Sibylle de la Révolution, par Nicolas Bouchard

Les complots maçonniques à travers les âges donnent lieu à de nombreux polars “ésotériques” ou “complotistes” plus ou moins originaux. Leurs auteurs trouvent une inspiration facile dans des ouvrages spécialisés sur les sectes et les francs maçons ; ils exploitent un filon surexploité depuis le Da Vinci Code (2003). Leur objectif : raconter n’importe quoi au lecteur et lui faire croire que derrière chaque arbre se cache un complot maçonnique.

Telle n’est pas l’optique de Nicolas Bouchard, qui explique d’ailleurs dans une interview ce qu’il pense des romans complotistes. Pour construire l’intrigue de La Sibylle de la Révolution, Bouchard s’est appuyé sur une recherche historique concernant Lenormand, Sénart, Vadier – personnages ayant réellement existé – et en particulier sur les Révélations puisées dans les cartons des comités de salut public et de sûreté générale, ou, Mémoires (inédits) de Sénart, agent du gouvernement révolutionnaire et sur le personnage sulfureux de Catherine Théos.

Prairial An II (été 1794). Gabriel-Jérôme Sénart est secrétaire du Comité de sûreté générale. Nous sommes à l’époque de la Terreur révolutionnaire, et le Comité de sûreté générale dirigé par le sombre Vadier est aux commandes du pouvoir, avec le Comité de salut public dirigé par Robespierre. La guillotine coupe chaque jour de nombreuses têtes. C’est dans ce contexte qu’un meurtre horrible est découvert à Paris : le corps d’un noble, le vicomte de Tavannes, est retrouvé déchiqueté dans une chambre fermée de l’intérieur. Il était franc maçon et tout porte à croire que son décès brutal est un épisode de la lutte sans merci que des loges maçonniques se livrent entre elles.

Vadier charge Sénart de l’enquête et lui demande de se faire aider par Marie-Adélaïde Lenormand, une belle jeune femme qui sait prévoir en partie l’avenir et surtout qui connaît bien les sociétés secrètes. Son enquête s’oriente vers les agissements d’une mystérieuse Loge noire et vers un mystérieux comte de Saint-Germain… mort dix ans plus tôt.

Pas de grands effets chez Bouchard. Son récit se lit avec grand plaisir. Le lecteur suit avec intérêt l’évolution de l’enquête et celle des relations entre Sénart, charmé par Marie-Adélaïde mais qui tente de faire passer son devoir avant tout, et la jeune femme, qui sait l’avenir qui les attend tous deux mais manifeste une belle envie de vivre (entre autre car elle sait aussi qu’elle mourra âgée). Sénart, lâché par Vadier, poursuivra ses investigations dans un Paris qui endure les privations et fête sans conviction l’Être suprême. Il mettra à jour une machination qui n’a rien de satanique mais séparera son destin de celui de Marie-Adélaïde.

On peut aussi retrouver Marie-Adélaïde Lenormand dans un second épisode qui se déroule en août 1794, Le Traité des supplices.

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