« Le coeur et la chair », d’Ambrose Parry, ou la « comme si »ite

« Le coeur et la chair », d’Ambrose Parry, un polar historique à éviter, l’auteur étant atteint de « comme si »ite…

Un roman, c’est comme une voiture. La carrosserie (le style) doit être impeccable, efficace. Le moteur (l’intrigue) doit être puissant. Il existe des carrosseries lourdes qui freinent le véhicule, indépendamment de la qualité du moteur. C’est le cas du « Coeur et la chair », polar d’Ambrose Parry récemment traduit en Français.

La promesse est attirante : 1847, Édimbourg. Des femmes sont assassinées. Le jeune Will Raven, apprenti chirurgien chez un médecin en avance sur son époque, mène l’enquête. Malheureusement, de la première à la dernière ligne, la lourdeur du style risque d’en décourager plus d’un. L’auteur – en réalité un couple – semble considérer que pour donner de la vérité et de la profondeur aux personnages et aux situations, il faut sans cesse les comparer à d’autres situations.

Établir de telles comparaisons peut se justifier si c’est fait avec modération, afin d’éclairer le lecteur ou au contraire de l’égarer volontairement.
Ici, ce tic d’écriture est tellement présent (mêlé à d’autres défauts de style qui compliquent vraiment la lecture) qu’on a du mal à comprendre ce qui justifie chaque comparaison.
Un exemple : prenons au hasard une page, la page 268 (de l’édition du Seuil, 2019). Voici les comparaisons qui s’y trouvent : « Raven eut la certitude d’assister à une agonie semblable à celle qu’avait endurée Evie avant qu’il ne la rejoigne, en ce soir funeste » (ok, là peut se révéler un indice), « Les convulsions de la jeune femme empirèrent à cet instant précis, comme si les paroles de Raven avaient provoqué la colère du démon qu’elle abritait », « son corps agité comme si elle cherchait à s’en extraire », « il refusait de la laisser agoniser seule comme Evie ».

À vous de juger…

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