« Le crâne parfait de Lucien Bel », par Jean-Philippe Depotte

Lucien est soldat lors de la débacle de l’armée impériale en 1870. Il réprouve la violence mais c’est la guerre et il n’a pas eu accès à un autre métier. Alors, il a décidé de ne jamais tuer. Face aux Prussiens, il a toujours levé son Chassepot un peu plus haut que le niveau de leurs têtes.

Faisant partie en mars 1871 des soldats chargés de s’emparer des canons de la Garde nationale à Montmartre, Lucien se retrouve dans une chambre d’hôpital après une bagarre. Trois plaques métalliques ont été vissées sur sa tête par le docteur Delestre, qui fait de lui un objet d’étude autant parce qu’il attribue à Lucien un crâne parfait, dénué de toute mauvaise intention, que parce qu’il analyse ses réactions à l’opération.

De son côté, Lucien s’interroge : qui l’a mené à l’hôpital ? Est-ce Margot, la belle révolutionnaire qui a disparu après la bagarre? Une balle lui a-t-elle vraiment traversé la tête ? Où est passée Margot ? Quelles sont les intentions réelles de Delestre ? Lucien peut-il échapper aux étourdissements qui le ramènent à chaque fois à l’hôpital ?
Une autre interrogation le taraude : qu’est-ce qui pousse l’homme à tuer ? Dans un petit carnet qu’il garde sur lui, Lucien note au fil de son expérience ses réponses à cette dernière question.
Enfin, il cherche à comprendre d’où viennent des souvenirs qui reviennent à sa mémoire mais qui semblent appartenir à un autre… à une autre… à Margot ?

Pour trouver des réponses à toutes ces questions, Lucien s’enfuit de l’hôpital. Dans la capitale assiégée par les Versaillais, poursuivi par Delestre, refusant la violence d’où qu’elle vienne, Lucien va comprendre de quelle expérience il est le cobaye.

Comme il s’en explique sur son blog, Jean-Philippe Depotte décrit la Commune sans parti-pris, sans romantisme, en jugeant les différents acteurs d’après leurs actes. Dans son roman, les Communards sont, davantage que des hérauts du peuple, des hommes et des femmes surpris par la soudaineté des évènements et placés dans une situation qui les dépasse. Nadar y apparaît comme un coureur de jupons entraîné par l’élan collectif plus que mû par des convictions réfléchies.

Il y a dans ce roman historico-fantastique qu’on lit d’une traite un peu de Frankenstein, un peu du beau Jordan Fantosme de Jean-Baptiste Evette (pour l’homme en quête de son passé) et un peu du magnifique Homme aux lèvres de saphir d’Hervé Le Corre, pour le cadre historique de la guerre de 1870 et de la Commune – Le Corre portant un regard plus positif que Depotte sur celle-ci – et un peu du Marx et Sherlock Holmes d’Alexis Lecaye, également pour le décor de la Commune.
Merci en tout cas à Jean-Philippe Depotte d’avoir choisi ce cadre historique comme arrière-plan de son roman. Comme il le dit sur son blog, c’est un épisode bien occulté de notre passé.
Pour se promener dans le Paris de la Commune, fidèlement décrit par Depotte, on peut se reporter aux itinéraires proposés par le site « Terres d’écrivains ».


Jean-Philippe Depotte présente son nouveau… par DenoelEditions

Voir aussi www.polarhistorique.com/presentation-des-demons-de-paris-par-lauteur-jean-philippe-depotte

Tags: ,

About Jack Sparks