Le diable danse à Bleeding Heart Square, par Andrew Taylor

1934. Dans l’Angleterre agitée – comme la France et d’autres pays – par des groupuscules fascistes, une jeune femme, Lydia Langstone, quitte son mari après une dispute et atterrit dans une pension de famille bizarre, située à Bleeding Heart Square à Londres. Et c’est parti pour plus de 400 pages dans une atmosphère angoissante, parfois glauque, où l’on ne saisit pas d’emblée tout ce qui se passe. Nous ne sommes pas dans le roman d’énigme classique, où il s’agit de découvrir le coupable d’un crime. Il faut accepter de se laisser prendre par le rythme, les événements et les personnages d’un récit à plusieurs entrées, sans bien savoir où cela va nous mener.

bh1-188x300La pension de famille appartenait à Miss Philippa Penhow, disparue en 1930 et dont les extraits du journal intime parsèment les chapitres du roman. En s’installant là, Lydia Langstone retrouve son père, qu’elle n’avait pas vu depuis des années. L’endroit a été le théâtre d’un meurtre particulièrement horrible au XVIIe siècle. Des paquets contenant des morceaux de coeur en décomposition sont adressés au major Serridge, mystérieux propriétaire de la pension qui a peut-être partie liée avec la disparition de Miss Penhow, dont il était l’ami et l’amant. Joseph Serridge a été accusé puis innocenté, mais le journaliste Rory Wentwood veut en savoir plus. C’est le père de Lydia qui était propriétaire de la maison dans laquelle vivaient Philippa et Joseph.
Lydia et Wentwood vont comprendre qu’un mystère remontant à quelques années implique ces différentes personnes.

Ce livre saisira certains lecteurs par son beau style et son ambiance spéciale. Il en décevra d’autres par la lenteur du déroulement de l’intrigue dans ses 300 premières pages et par l’usage d’un procédé narratif qui peut fonctionner si on l’utilise avec légèreté mais qui traîne ici un peu en longueur : placer dans un même lieu plusieurs personnages reliés les uns aux autres par un passé trouble dont personne ne parle. La révélation finale n’est pas si terrible que cela, et l’on n’a pas vraiment senti monter la tension jusqu’à celle-ci.

Reste qu’Andrew Taylor est un bon et prolixe auteur de polars historiques. Ses personnages ont une vraie dimension et la description du Londres des années 1930 est réussie. Souhaitons que d’autres de ses polars soient bientôt traduits en français.

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