Le sang des bistanclaques, par Odile Bouhier

Lyon, 1920. Le commissaire Kolvair et le professeur Salacan enquêtent sur le meurtre d’une femme âgée qui a été violée et dont le cadavre a été retrouvé dans un pré, décomposé. Elle a été défigurée afin qu’on ne la reconnaisse pas. Une seconde victime est retrouvée dans le quartier de la Croix-Rousse, prise dans les fils d’un métier à tisser (un « bistanclaque », dans le jargon des canuts). La façon d’opérer du criminel a été identique.

Victor Kolvair a perdu une jambe à la guerre. Il est mélomane, gastronome et cocaïnomane afin de surmonter les douleurs causées par son amputation. Hugo Salacan dirige avec lui l’unité scientifique de la police judiciaire lyonnaise. Tous deux doivent composer avec le peu avenant inspecteur Legone, des Brigades du Tigre, une « gueule cassée » qui était autrefois ami de Kolvair, mais qui méprise les méthodes de la police scientifique… et arrondit ses fins de mois en tournant des films érotiques avec l’aide d’un assistant des frères Lumière.

Aux yeux de Legone, le meurtrier est « le Tricoteur », un cambrioleur défiguré lui aussi par la guerre. Il n’a jamais tué personne mais revendique les meurtres afin d’attirer l’attention de la presse et de l’opinion. Un troisième crime est commis, qui ne ressemble pas aux deux premiers. Kolvair et Salacan s’adjoignent l’aide d’une aliéniste, la belle Bianca Serragio.

L’enquête que la police lance sur les films de Legone (et qu’elle confie à… Legone… qui, en réalité, n’est pas Legone !) vient interférer sur celle concernant les meurtres des femmes âgées.

On aurait souhaité un peu plus de complicité entre Kolvair et Salacan (mais c’est compensé par celle qui se noue entre Bianca et Kolvair), un peu plus de surprises et d’action, un peu moins d’appartés géographiques et historiques, et que le sexe ne tienne pas une part si importante dans la vie de nombreux personnages du récit. Tout cela sera peut-être dans un prochain épisode des enquêtes de Kolvair et Salacan ? Reste une intrigue qui tient la route et permet des incursions dans les traboules de Lyon, dans les milieux de la soierie et dans des techniques d’investigation scientifique en avance pour les années 1920.

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