Quand l’éditeur propose…

Quels parcours ont conduit ces auteurs au policier historique ?

Depuis le succès du Nom de la rose au début des années 1980, les éditeurs savent que ce genre est apprécié par le public. Ils prennent parfois l’initiative de demander à un romancier historique ou à un historien d’orienter sa production vers le genre policier, ou à un auteur policier d’écrire au passé. Cela s’est aussi produit avant les années 1980, notamment, en France et en Belgique, avec la collection Le Gibet en 1956-1957. Le pari de l’éditeur, en avance sur son temps, avait été moins récompensé par l’intérêt du public.

Comme Peter Tremayne l’explique dans différents entretiens, l’idée de l’existence de Sœur Fidelma germe au milieu des années 1980, lors d’une conférence qu’il donne sur le rôle des femmes dans le monde celtique. Le Nom de la rose vient alors d’être traduit en anglais et un certain frère Cadfael commence à connaître une petite popularité. Après la conférence – où il a été question de la possibilité pour les femmes irlandaises du VIIe siècle d’être juges ou avocates ou même d’écrire des textes de lois – un étudiant évoque l’intérêt qu’il y aurait à imaginer une enquêtrice membre de l’église irlandaise de l’époque. Mais ce n’est que plusieurs années après que sœur Fidelma voit réellement le jour, lorsqu’un ami demande à Peter Tremayne, pour une anthologie à paraître, s’il aurait déjà écrit une nouvelle policière irlandaise. Les quatre premières nouvelles mettant en scène sœur Fidelma sont publiées fin 1993 et l’éditeur lui demande d’assurer une longue vie au personnage.

« Quand mon directeur de collection a changé d’éditeur, il m’a proposé de créer une série policière historique située dans le cadre du théâtre élisabéthain » (il s’agit de la série mettant en scène Nicholas Bracewell, publiée en français), explique Edward Marston.

L’entrée de Rosemary Rowe dans le policier historique s’est produite lorsque l’éditeur de l’une de ses nouvelles lui a demandé d’écrire un roman à énigme situé dans le passé. Elle a choisi sa région et une époque particulière : celle de l’occupation romaine pendant le IIe siècle (période peu connue et avec laquelle elle risquait peu de faire des erreurs susceptibles de sauter aux yeux du lecteur, explique-t-elle).

Candace Robb raconte que pour donner davantage d’attrait à un roman historique qu’elle avait écrit, un agent littéraire lui a conseillé d’introduire une intrigue romantique ou policière. « J’ai laissé cela mijoter longtemps, tout en travaillant sur d’autres choses, en lisant des tas de romans policiers et d’études sur les polars. L’apparition d’Owen Archer, un dimanche soir, au seuil de ma pensée, était l’élément qui me manquait. Dès lors, je possédais le détective, et la perspective d’une série policière. »

Ariana Franklin écrivait des articles, des biographies, des récits historiques, etc., concernant principalement l’histoire des femmes et le début du Moyen Age, lorsqu’un agent littéraire lui a proposé d’écrire un policier historique. Ainsi naît Adelia, l’héroïne de Mistress of the art of death, qui vit au XIIe siècle et s’est formée à la médecine légale dans l’école de médecine de Salernes, où les femmes sont alors admises et où l’on pratique l’autopsie. Elle est chargée d’enquêter sur le meurtre de quatre enfants à Cambridge.

(Extrait de Le roman policier historique. Histoire et polar : autour d’une rencontre, chapitre « Comment certains auteurs sont tombés dans le polar historique »)

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